Spéculer avec un minimum de risque

RisqueGagner le plus possible avec un risque nul est le rêve de tout investisseur boursier. Rêve irréalisable, car les risques augmentent parallèlement aux chances de gain. Cependant…

Par définition, la gestion spéculative sous-entend la réalisation de gains importants. Or, les valeurs qui permettent de réaliser des gains substantiels sur une période courte sont précisément celles qui étaient les plus mal cotées - pour des raisons évidentes - jusqu'au moment où un événement fortuit a radicalement modifié leur situation. En 1999, par exemple, un spéculateur chanceux aurait acheté Sidel au plus bas à 64,05 euros, au moment où le marché n'y croyait plus et l'aurait vendu, quelque temps après, à 138 euros sur l'annonce de la découverte d'un procédé prometteur, à un moment où les analyses réévaluaient le titre à 150 euros (il se traite aujourd'hui à 106). Il aurait également acheté Pechiney à 26,70 euros à un moment où les investisseurs désespéraient de cette valeur, pour la revendre à 59,15 euros après l'annonce de sa fusion avec Alcan et Algroup. Dans les deux cas, il aurait bien gagné son année.

Faut-il en conclure que le spéculateur doit jouer systématiquement contre le marché? Non, car, si au lieu de choisir les deux "mal aimées" précédentes, notre spéculateur avait arrêté son choix sur DMC ou Moulinex, il aurait perdu la totalité de sa mise.

Il convient donc d'aborder la gestion spéculative d'une autre façon. Le but n'est pas de jouer à pile ou face, mais d'optimiser les gains. Il faut, par conséquent, limiter les risques sans pour autant réduire par trop les possibilités de plus-values. Pour cela, nous proposons une formule qui passe par le Monep ou des warrants, le tout associé à une gestion rigoureuse.

La composition du portefeuille

La première démarche consiste à sélectionner des titres dont la cote est faible par rapport à leur cours habituel (les cours extrêmes sur une année ou un nombre significatif de mois peut apporter un éclairage pour qui ne suit pas les cotations très régulièrement). Naturellement, ne seront sélectionnées que les valeurs sur lesquelles il existe des options négociables (Monep) ou des warrants. Les cours des options et des warrants sont publiés régulièrement dans la presse financière. Une fois cette opération réalisée, il ne faut retenir que les valeurs spéculatives, c'est-à-dire celles dont les résultats ont des chances de se redresser ou qui donnent lieu assez régulièrement à des rumeurs d'opération financière. La conjugaison de ces éléments ne peut pas nuire. D'autre part, on achètera les titres - en fait, leurs dérivés - entre un et deux mois avant la publication des communiqués habituels concernant les résultats (trimestriels, semestriels ou annuels). Cela donne quatre périodes dans l'année, pour acheter et surtout cela permet de prendre position sur la valeur avant que les spéculations sur les résultats ne commencent à se faire (les spéculations sur les opérations financières sont plus difficiles à situer dans le temps).

Ensuite, comme il convient de répartir les risques sans diluer les possibilités de gains, on pourra retenir cinq lignes différentes d'un poids financier peu ou prou égal. Chaque ligne représentera donc 20% des sommes investies. Avec un tel taux, un investissement direct sur des actions ferait courir un risque important. En passant, en revanche, par des options négociables ou des warrants (achat d'option d'achat ou de call warrant), la perte maximale est réduite et connue d'avance. Quant à l'investissement, il est relativement faible (voir encadré). On comprend cependant qu'investir tout son portefeuille sur cinq titres, même en passant par les produits dérivés, présente un risque important, même si un seul titre peut compenser par ses gains les pertes enregistrées. Il convient donc de placer une autre sécurité, pénalisante pour la performance globale, mais très efficace pour rester sur le marché et continuer de tenter sa chance même en cas d'échec total sur les premiers investissements. Cette seconde sécurité est représentée par des liquidités dont la part - de 35 à 50% - dans le portefeuille sera plus importante que dans un portefeuille classique. Lors de la constitution du portefeuille, il faudra qu'elle soit dans le haut de la fourchette et dès les premiers gains effectivement réalisés, elle pourra être progressivement réduite.

Une gestion rigoureuse

Bien que l'approche soit spéculative, la gestion sera rigoureuse. Autrement dit, on ne s'entêtera pas sur des positions qui présentent peu d'espoir, en n'hésitant pas à prendre ses pertes (dès une baisse des deux tiers du prix de l'option). De même, on ne se laissera pas entraîner par les hausses. Dès qu'un gain voisin de 100% sera enregistré - ces produits sont très volatils -, on prendra son bénéfice.
Pour ce faire, on n'aura pas besoin de suivre en permanence l'évolution - souvent très heurtée et rapide - des cours: on utilisera les ordres de vente à cours limité lorsque, bien placé, l'on s'approchera du gain souhaité, et les ordres de vente à seuil de déclenchement lorsque,mal placé, on souhaitera sortir de l'investissement. Dans tous les cas, dès qu'une vente sera réalisée, il conviendra d'effectuer un investissement afin que le risque sur les actions soit toujours réparti sur cinq titres. On pourra rester hors du marché dans un seul cas: celui d'un risque général comme l'éventualité d'un krach ou d'une forte correction après une envolée brutale de la Bourse. En temps normal, on aura soin de maintenir peu ou prou l'équilibre défini plus avant.

Principe de fonctionnement des call et des call warrants

Un call ou un call warrant est une option d'achat. Lorsqu'on l'achète, on paye une somme appelée premium: c'est le montant de notre investissement. Dès lors, on a le droit d'acheter à un prix convenu à l'avance le titre support, pendant une période donnée, ou d'abandonner son option. Mais on peut la revendre avant son échéance et c'est cette possibilité qui nous intéresse. Exemple: l'action X dont le cours de Bourse est de 100 euros, et dont les options d'achat arrivant à échéance dans trois mois se vendent à 10 euros l'unité pour un prix d'exercice de 105 euros. Si les cours de l'action X ne montent pas pendant trois mois, voire s'effondrent pour revenir à 70 euros, au pire on aura perdu le prix d'achat de l'option (10 euros). Mais en fait, compte tenu de notre gestion, on aura vendu avant, la perte sera donc inférieure à 10 euros. Si au contraire, le titre X s'affiche à 120 euros, le prix de notre option se sera valorisé au moins de la différence entre 105 (notre prix d'exercice) et 120, soit de 15 euros. L'option cotera donc entre 15 euros (valeur intrinsèque) et 25 euros (la valeur intrinsèque augmentée de la valeur spéculative) soit 20 euros. En revendant cette option avant l'échéance, notre gain sera de 100%. Une valorisation de 20% sur un titre support spéculatif n'a rien d'invraisemblable, même sur courte période.