Comprendre la Bourse

Une entreprise est rarement la propriété d'une seule personne. Lorsqu'une entreprise appartient à plusieurs personnes, chacune de ces personnes dispose d'un certain nombre de parts ou d'actions de l'entreprise. La valeur de l'entreprise correspond donc à la valeur totale de toutes les actions qui la composent.

La Bourse est l'endroit où les actions des différentes sociétés sont échangées. Le prix payé pour chacune de ces actions est appelé cours de l'action ou du titre. En fonction de nombre d'acheteurs et de vendeurs, le cours de l'action monte ou descend. Le principe de fonctionnement de la Bourse est donc basé sur la loi de l'offre et de la demande.

Lorsqu'une personne pense qu'une société est en bonne santé et qu'elle a de bonnes perspectives d'avenir, alors cette personne achète des actions. Plus il y a de personnes qui achètent des actions de l'entreprise, plus le cours de l'action monte ! Inversement, lorsque les mauvaises nouvelles se multiplient pour une entreprise, les personnes qui possèdent des actions de cette entreprise, perdent confiance dans le titre et vendent leurs actions. Logiquement le cours de l'action baisse !

En Bourse, toute la difficulté réside donc dans l'analyse de l'état d'une entreprise. Et donc de savoir s'il convient d'acheter ou bien de vendre les titres de cette entreprise !

Tous les sondages le confirment régulièrement, un nombre important de Français rejette encore le monde des actions.

Les arguments en défaveur de la Bourse sont connus: d'abord l'aversion au risque, ensuite le refus culturel de placements réputés spéculatifs (et donc suspects), enfin la complexité supposée des mécanismes boursiers.

Si ce dernier argument n'en est pas vraiment un, les deux premiers sont susceptibles, eux aussi, d'être révisés. La conscience se fait jour désormais en France qu'au-delà des soubresauts, parfois incompréhensibles, et désormais de plus en plus amples, des cours des actions, au-delà des inévitables marchés baissiers, le placement en actions est, à long terme, le meilleur de tous. Et sans doute le moins risqué. Avant de vous lancer, vous devez toutefois respecter trois conditions préalables et choisir entre deux modes de gestion.

1) Trois conditions préalables à respecter

1.1/ Etes-vous prêt à prendre des risques ?

"Pour investir en Bourse, il faut être prêt à perdre 30% en l'espace de six mois." Ce précepte, Robert Carvallo, aujourd'hui disparu et longtemps responsable de la gestion privée de Paribas, ne ratait pas une occasion de le répéter. Il paraissait désespérant. Qu'on imagine. Vous commencez par placer 100000 euros et au bout de six mois, il ne vous en reste plus que 70000! Vous liquidez aussitôt votre portefeuille, irrité et dépité. On ne vous y reprendra pas. Bien entendu, vous évitez soigneusement de parler à votre entourage de cette honteuse incursion au casino boursier. Manque de chance pour vous, à la suite d'un retournement de tendance dont la Bourse a le secret, un an après, votre portefeuille aurait valu 10% de plus qu'à l'origine. Vous étiez sauvé des eaux et vous pouviez partir de l'avant. La mise en garde de M. Carvallo est une condition nécessaire à l'investissement en actions.

1.2/ Disposez-vous d'une cagnotte ?

Seconde règle à respecter: on ne place en actions que de l'argent dont on n'a pas un besoin immédiat ou à terme prévisible. Pour reprendre l'exemple précédent, si vous avez un projet immobilier, à horizon de deux ans par exemple et que vous mettiez en Bourse l'équivalent de votre apport personnel, vous risquez de le voir fondre dans l'intervalle. Ce sera autant de plus à emprunter le moment venu. Votre équilibre budgétaire s'en trouvera totalement rompu. L'épargne "de précaution" ou "de projet" doit être impérativement investie en outils parfaitement sûrs. Il ne faut pas que le moindre franc manque à l'appel. C'est pour cette raison que la Bourse n'est pas faite pour les nombreux Français qui parviennent difficilement à joindre les deux bouts. Elle n'est sans doute pas faite non plus pour certains jeunes dont la priorité est de financer leurs études ou leur établissement dans la vie. En revanche, plus le projet est lointain (la retraite, la donation à des enfants en bas âge) et plus les actions sont à recommander.

1.3/ Avez-vous quelque goût pour la vie économique ?

Troisième condition préalable à l'investissement en Bourse: se tenir informé de la vie économique. Car les actions (et, dans une moindre mesure, les obligations) sont le seul placement qui nécessite un vrai suivi. Pour acheter un appartement dans la banlieue de Lille, il suffit de connaître l'état du marché immobilier local et la situation générale de l'économie française (croissance, stagnation ou récession). Pour souscrire un contrat d'assurance vie classique en francs, un rapide comparatif avec la concurrence permet de prendre une décision sans grand risque de se tromper. Quant aux PEL comme aux livrets, il s'agit de produits standardisés dont les taux dépendent de la conjoncture générale, du taux d'inflation et… des pouvoirs publics.
Avec les actions, il en va tout différemment. Leurs cours sont sensibles à une multiplicité de facteurs. D'abord de l'environnement économique mondial: est-il plutôt orienté vers la croissance (c'est bon), sans inflation (c'est encore mieux)? Ensuite la conjoncture purement française: le pilotage économique du pays, sur le plan fiscal ou social, par exemple, est-il favorable à la Bourse? Les taux d'intérêt sont-ils bien orientés et les perspectives de profits des entreprises sont-elles favorables? Enfin, quelles sont les perspectives des titres que j'ai (ou que je voudrais avoir) en portefeuille? Il ne suffit pas que tous les feux soient au vert pour qu'une entreprise ne soit pas victime d'un dérapage (ou même de la perspective d'un dérapage). Pour vous tenir informé, lisez la presse et consultez les sites internet spécialisés.

2) Deux modes de gestion

2.1/ La démarche rationnelle

Elle consiste à considérer un titre comme une simple machine à fabriquer des plus-values. On achète, on vend, on prend ses bénéfices (ou ses pertes). Rationnellement et sans implication (du moins en principe). Cette démarche est souvent celle des gérants professionnels. Elle paraît aussi avoir été adoptée par certains nouveaux-venus, notamment ceux qui opèrent sur le Nouveau Marché. Elle suppose, ce qui est rarement le cas, une très grande discipline (prendre ses bénéfices lorsque le gain a dépassé x%, accepter de se couper un bras, se couvrir contre les baisses et assurer un suivi de tous les instants. Il faut connaître en permanence l'état du marché du titre, être réceptif à la moindre annonce, mais aussi - c'est plus difficile - aux rumeurs, suivre les titres de sociétés concurrentes, etc. Impossible de partir une semaine en vacances sans laisser d'instruction ou sans emporter son portable. Les différents ordres de Bourse doivent être connus sur le bout des doigts.

2.2/ La démarche affective

La seconde démarche est, on s'en doute, plus affective. L'investisseur procède à des choix dont il estime qu'ils seront porteurs "à moyen/long terme". Il opte pour des titres dont les "fondamentaux" lui paraissent bons, ce terme indéfinissable (mais fondamental!) signifiant que le titre présente plus d'atouts que de handicaps (étant entendu que le titre parfait n'existe pas). Une baisse de 30% du cours d'une affaire que vous aimez bien (d'où son choix) ne provoquera pas chez vous le serrement de plexus dont sera inévitablement victime l'investisseur froid. D'une certaine manière, au-delà de votre argent, vous avez accordé à la société en question votre confiance. Vous pouvez partir en vacances en laissant votre portefeuille en l'état.

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